Salut 👋
Bienvenue dans la 45ème édition de Paradigmes !
Aujourd’hui au programme :
comprendre d’où vient la peur
pourquoi elle nous paralyse
3 outils pour terrasser tes peurs
Bonne lecture :)
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Déconstruire ses peurs pour mieux les surmonter
Dès la veille au soir, c’était toujours la même angoisse.
La projection mentale de monter ces trois marches de l’estrade pour m’exposer à la classe entière me coupait tout appétit pour le dîner.
Le bois qui craque et le silence étouffant, toutes les sensations y étaient.
Je percevais le regard des élèves comme des viseurs de snipers prêts à m’éteindre au moindre faux pas. Ou du moins, à la moindre atteinte aux fables de La Fontaine.
Demain, ma vie serait en jeu.
Demain, je réciterai ma poésie en public.
Il y a forcément une part de toi qui se reconnaît dans ce bout d’histoire. La peur de parler en public est universelle à différentes échelles. Elle est ancrée en chacun de nous, les êtres humains.
Et c’est une peur parmi tant d’autres, qui, mal comprises, nous empêchent de vivre pleinement.
Si la psychologie me fascine autant, c’est parce qu’elle nous explique comment et pourquoi on réagit comme ça. Je dis toujours qu’avec le bon mode d’emploi, la vie est plus facile à vivre. Celui que je te propose aujourd’hui vise à déconstruire tes peurs pour mieux les surmonter.
Laisse-moi te raconter.
L’amygdale en pagaille
Chaque fois que je poussais la barrière d’un nouveau skatepark, j’étais intimidé par le niveau de certains riders. Il y avait toujours ce gars qui se jetait sur les rampes sans aucune crainte, comme s' il avait apprivoisé la peur de tomber.
Déjà, il avait acquis une certaine maîtrise par la pratique. Son aisance laissait supposer qu’il répétait ses tricks depuis des années. Mais peu importe le skatepark et la discipline, certains s’envoyaient avec un engagement monstrueux.
Parmi eux, Ryan Williams. La légende de notre époque toutes disciplines confondues (et aussi ma plus grande inspiration).
Une seule vidéo suffira pour dresser son portrait (clique dessus pour la visualiser) :
Pour celui qui n’est jamais monté sur un BMX comme pour celui qui pratique depuis 10 ans, c’est inhumain. Le mec n’a peur de RIEN. D’ailleurs, il n’y a que lui dans le monde qui est capable de faire ça. Tout être humain normalement constitué se demande “comment c’est possible ?”.
La science nous expliquera qu’il est différent, émotionnellement.
Pour le meilleur et pour le pire, c’est son amygdale qui lui fait défaut, la partie du cerveau qui régule la peur. Comme un système d’alerte, l’amygdale va nous retenir ou nous prévenir d’un danger potentiel. C’est un mécanisme biologique qui assure notre survie.
Il s’active quand :
tu veux traverser en-dehors des passages piétons
tu rentres seul.e la nuit et que tu sens une mauvaise présence
tu rencontres un lion ou un serpent
Éventuellement, il s’active aussi quand tu t’apprêtes à descendre une rampe de 30 mètres pour jeter ton vélo dans les airs. Mais apparemment pas chez tout le monde.
Chez certains comme Ryan Williams, cette zone du cerveau est bien moins active. C’est génétique. On pourrait aussi penser que le petit Ryan n’avait aucun mal à se présenter sur l’estrade pour réciter ses poésies.
Et on pourrait résumer son exploit par une équation simple :
Pratique délibérée + défaut d’activation cérébrale = exploit.
Chez toi comme chez moi, l’amygdale s’active naturellement en présence d’un danger. C’est plutôt une bonne chose pour rester en vie. Ça l’est beaucoup moins quand la peur est excessive et qu’elle prend la forme d’une illusion.
Aujourd’hui notre vie est loin d’être menacée. On peut manger, boire et dormir sous un toit. Les forces de l’ordre nous protègent et il n’y a aucun risque mortel dans la rue, à priori.
Pourtant la peur est omniprésente sous des formes insignifiantes. On se sent menacé quand :
on voyage seul
on va rencontrer du monde
on parle en public
on décroche un entretien d’embauche
on doit démarcher un prospect
D’un point de vue rationnel, il n’y a aucune raison d’avoir peur de tout ça. Ces projections mentales forment des blocages émotionnels qui nous empêchent de demander plus à la vie. Son terme scientifique : la séquestration de l’amygdale.
On ne manque généralement pas d’aptitude dans ces situations-là, on est retenu par la peur. C’est l’amygdale qui dit non à notre place. Et en prenant du recul, ça paraît presque ridicule.
L’auto-sabotage par la peur
Pendant plus de dix ans, j’ai regardé tous ces créateurs s’émanciper sur YouTube. Puis sur Instagram. Puis sur LinkedIn... En fait, j’ai toujours consommé du contenu sans jamais en proposer.
Et pourtant, au fil des années que je passais en salle de sport, j’avais accumulé pas mal de savoir sur la santé et le bien-être qui aurait pu être utile à au moins une personne.
Ces sujets me passionnaient et me passionnent encore toujours autant aujourd’hui. Mais dans mon entourage, personne ne parlait de ça.
J’étais le seul à être abonné dans une salle de sport.
J’étais le seul à vouloir me coucher tôt le vendredi soir.
J’étais le seul à penser aux protéines en commandant sur Uber Eats.
J’avais nourri mon esprit par l’exploration de mes propres intérêts. Et un beau jour, un trop-plein s’est manifesté. L’espace de stockage était saturé. J’avais alors besoin de vider mon esprit en transmettant aux autres tout ce que j’avais appris.
Pour ça un seul moyen : prendre la parole à mon tour sur Internet. Et entre-temps, j’avais déjà détecté que l’écrit serait mon format de prédilection. Sur LinkedIn précisément.
Puis avant même de tenter une approche sur le réseau, l’amygdale m’a fait barrage. Voilà la peur qui intervient comme blocage émotionnel pour passer ce fameux cap : cliquer sur “publier”.
À ce stade-là, voilà le discours de mes petits démons :
“Imagine personne ne like et répond, la honte…”
“T’es au courant que tous tes amis et collègues vont voir ce que tu fais ?”
“En plus, tu vas parler de toi devant tout le monde, sérieusement ?”
“Il y a déjà tellement de gens qui parlent de ça, à quoi tu sers ?”
“Et d’ailleurs, pour qui tu te prends à vouloir donner des conseils ?”
Si tu n’as pas d’affinité avec la création de contenu, tu peines sûrement à t’identifier. Mais on subit tous ces insécurités à un moment ou à un autre dans la vie sous différentes formes, dans le pro comme dans le perso.
Là, ça devrait plus résonner :
le syndrome de l’imposteur
la peur de l’échec
la peur du regard des autres
le perfectionnisme
l’incertitude
Aujourd’hui avec un an de recul, je me dis “merde, quel enfer !”.
Toutes ces projections pour si peu. Comme si mon sentiment de sécurité était menacé avec quelques lignes en mon nom sur LinkedIn. C’est absurde. Et c’est tout ce que l’amygdale est capable de nous faire vivre.
Ce frein, j’ai attendu presque deux ans avant de le lâcher pour au final publier mon premier post qui passera comme prévu, sous les radars de LinkedIn. Avec les bons outils mentaux, ça m’aurait pris deux semaines. Je voulais t’en partager quelques-uns ici qui permettent de terrasser n’importe quelle peur (ou presque).
3 outils pour terrasser tes peurs
1. L’étiquetage affectif
Aussi longtemps que tu ignoreras la raison d’être d’une peur, tu l'appelleras la flemme. Ou tu désigneras n’importe quel terme qui puisse te rassurer pour te persuader qu’elle est justifiée :
le manque de compétences
un défaut d’inspiration
le manque de de temps
…
Et plus tu éviteras de t’y confronter, plus tu renforceras tes insécurités.
En réalité il n’y a aucune honte à avoir peur. C’est même essentiel de l’accepter. Quand elle se manifeste, c’est signe qu’elle souhaite échanger avec la partie rationnelle du cerveau. Et bien souvent, au lieu de chercher à la comprendre, on l’enfouit sous le tapis.
L’étiquetage affectif permet de lui donner un petit nom pour l’accueillir et apprendre à la connaître. C’est reculer pour mieux l’appréhender. C’est déjouer la stratégie de l’amygdale.
Si tu poses des mots sur l’émotion négative qu’est la peur, alors tu développes une plus grande conscience de toi. Et (re)prendre le contrôle de sa vie, c’est déjà apprendre à se connaître.
Si je reprends la peur de parler en public pour l’exemple :
“De quoi j’ai peur ?”
“De ce que les autres vont penser de moi si je m’exprime mal”
Ensuite on peut se demander :
“D’où vient cette peur ? De moi ou des autres ?”
“Elle vient des autres, de leur jugement envers moi”
Ici, c’est une crainte liée à la réaction de quelqu’un d’autre face à ce que je fais. Quand la crainte vient de soi-même, c’est plus une perception de ses propres facultés vis-à-vis de ce qu’on cherche à accomplir (par exemple ne pas se sentir prêt pour lancer un projet).
Dans les deux cas, l’objectif est d’identifier les racines de la peur. On ne force pas l’amygdale à s’éteindre, on compose avec elle. Et c’est en apprenant à nommer la peur qu’on peut comprendre comment la contourner.
2. La règle des 10
Après une année entière à prendre la parole chaque semaine en mon nom sur Internet, j’en suis arrivé à une conclusion très simple : tout le monde s’en fout.
Tout le monde s’en fout que je fasse une faute d’orthographe dans un post.
Tout le monde s’en fout si mon contenu fait un gros bide à 4 likes.
Tout le monde s’en fout si j’ai une sale tête sur une photo.
Si je suis autant centré sur ce que je fais et comment je me comporte, les autres le sont aussi sur leur propre personne. Donc il n’y a aucune raison que le regard des autres me paralyse à ce point.
Le fait d’apporter beaucoup (trop) d’importance à ce que les autres pensent de nous est un biais psychologique ancré dans la nature humaine : l’effet de projecteur. On a souvent l’impression que, comme son nom l’indique, un projecteur est braqué sur notre personne et enregistre nos moindres faits et gestes.
La réalité est toute autre : tout le monde s’en fout.
Encore une fois, tout le monde s’en fout.
Évidemment, c’est facile à dire. Déjouer ce biais psychologique est une véritable bataille contre soi-même. Mais la règle des 10 peut nous aider à dédramatiser un bon nombre de situations.
Pour ça, trois questions simples :
Est-ce que ça aura de l’importance dans 10 minutes ?
Est-ce que ça aura de l’importance dans 10 jours ?
Est-ce que ça aura de l’importance dans 10 ans ?
Parce que je ne suis pas très inspiré par d’autres exemples, je reviens sur la peur de parler en public.
Imaginons qu’un lundi matin à 9h, tu présentes ton bilan trimestriel devant toute ton équipe. Ils sont 12. Toi, tu es seul face à leurs yeux attentifs (parce qu'à cette heure-là ça va encore).
Tu avais tout préparé depuis 3 jours, mais c’est là que le stress va te jouer un tour : ta voix tremble, tu enchaînes les bégaiements. Pendant les 10 minutes qui restent, tu vis un calvaire sur scène.
Fin de présentation, tu te rends compte que c’était très brouillon. L’équipe n’a plus vraiment l’air de t’écouter. En plus de ça, le stress te collera à la peau jusqu’à ce soir parce que la transpiration a transformé ta chemise blanche en éponge.
Bref, c’est le malaise…
Mais quelle importance ça aura dans 10 minutes ? Certainement un peu de gêne.
Dans 10 jours ? Quelques mauvais souvenirs en assistant à la présentation des autres, mais ça sera juste dans ta tête.
Dans 10 ans ? Absolument aucune répercussion, tu auras même changé de boîte.
Dans 10 siècles ? Bon, on va trop loin, tu as compris l’exercice.
3. L’effet batman
Aujourd’hui, on s’est revu réciter nos poésies devant nos camarades de classe. On s’est revu présenter un rapport à l’équipe. Par contre, il y a peu de chance pour qu’on se projette sur scène à la place de Beyoncé, devant 80 000 personnes.
Je suis toujours autant impressionné par la gestion émotionnelle des “stars” qui s’exposent devant des dizaines de milliers de fans. Pour le commun des mortels, ça paraît inconcevable. Comment peut-on peut développer une telle confiance en soi ?
Apparemment, il suffirait d’un masque et d’une cape. C’est comme ça que Queen B joue la super-héroïne les jours de concert.
En 2008, en plus de préparer son troisième album, Beyoncé a inventé Sasha Fierce. Sasha est un personnage imaginaire qui est audacieuse, sensuelle, agressive et plus glamour que la Beyoncé du quotidien. À présent chaque fois qu’elle monterait sur scène, elle se glisserait dans la peau de cet alter-ego pour prendre confiance en elle et surmonter le trac.
En étant Sasha, la peur du regard des autres est déracinée.
La chanteuse Adèle s’est aussi inspirée du phénomène psychologique de “l’effet Batman” en créant un alter-ego du nom de Sasha Carter. Quand la peur de se produire sur scène paralyse Adèle, c’est Sasha qui prend le relais.
Le pouvoir de l’effet Batman permettrait d’aller puiser une immense dose de confiance et de courage dans une source imaginaire pour réaliser nos projets les plus fous.
Je cherche encore le nom de mon prochain alter-ego. Et toi, qu’est-ce que ça donnerait ?
À partager 🍿
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🎬 Comment être (enfin) soi-même
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"Set your mind on a definite goal and observe how quickly the world stands aside to let you pass" — Napoleon Hill
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Je te souhaite une bonne semaine !
Ça valait la peine de l'attendre celle là 😄
Mais qu'est ce que ça fait du bien de se poser et de lire ce genre de newsletter !
Dès les premières lignes j’ai revécu la situation de la poésie. Tellement angoissés que l’on apprenait le texte parfaitement par peur de l’échec et de la honte devant la classe. C’est pareil pour une présentation en cours, et maintenant au boulot. C’est épuisant mentalement de sur-préparer. Mais plus on y passe, plus cela devient une habitude qui fait de moins en moins peur. ☺️
En tout cas, toutes ces barrières font imaginer le pire et quand tu regardes où tu en es aujourd’hui, tu te dis que ça valait le coup : ta newsletter est bien écrite, elle nous embarque et est tellement authentique ! 👏 Un plaisir à lire.
Je ne connaissais pas les techniques dont tu parles, notamment les “10”. C’est vrai que ça peut aider à prendre du recul et se dire que ce moment de potentielle gêne n’aura aucun impact.