Salut 👋
Bienvenue dans la 59ème édition de Paradigmes !
Aujourd’hui au programme :
qu’est-ce que la réussite ?
pourquoi tu dois te récompenser
l’histoire de la sébile sans fond
Bonne lecture :)
[APARTÉ]
J'organise un premier rendez-vous entre lecteurs/créateurs de newsletters demain, jeudi 20 février à 19h.
L'adresse : Social Bar, 25 Rue Villiot, 75012 Paris
L'idée est de se rencontrer et échanger autrement que par mail ou dans un espace commentaires. Plus largement, de briser la solitude grandissante.
En plus de ça le lieu se prête bien aux rencontres !
Tu seras là ?
PS : un groupe WhatsApp est créé pour cette rencontre et les suivantes, que tu peux rejoindre à partir de ce lien.
On t’a partagé cette édition ou tu découvres Paradigmes pour la première fois ?
Ma promesse avec cette newsletter, c’est de t’apporter des nouvelles perspectives pour mener une vie plus saine et intentionnelle.
Tu peux rejoindre +950 lecteurs en t’abonnant juste ici 👇 (c’est gratuit et sans spam).
Savourer les victoires personnelles
D'aussi loin que je me souvienne, la dernière célébration mémorable remonte au jour où j'en avais terminé avec le parcours scolaire (du moins c'est ce que je pensais). Avant même d'avoir le BAC en poche, on avait déjà prévu de marquer le coup un soir d'été.
C'était plus qu'un diplôme. C'était la fin d'un cycle de vie, la ligne d'arrivée académique.
J'entends encore résonner les sabots de ma mère qui frappent le carrelage en direction de ma chambre étant tout jeune. Elle se rapprochait un pas après l'autre pour me sortir d'un sommeil si confortable. Les jours de pluie ou de neige au collège, elle me forçait à y aller malgré toutes les excuses que je pouvais inventer. Puis au lycée, il fallait bien se montrer un peu plus responsable. J'ai toujours fait le minimum pour m'en sortir jusqu'à me retrouver admis devant le panneau des résultats.
Personne n'arrivait à se projeter dans cinq autres années d'études après en avoir déjà passer dix sur les bancs de l'école. Et pourtant c'était bien la sauce à laquelle on allait être mangé. Juin, juillet, août… On carburait aux bières et à l'insouciance dans l'attente qu'un de nos choix d'école soit validé pour entamer le prochain chapitre de nos vies.
Et puis plus on avance, plus ça devient sérieux. Beaucoup trop sérieux.
Je n'ai pas le souvenir d'avoir célébré mon BTS parce qu'il fallait déjà prévoir la suite. Bachelor validé, je me revois jeter ma toge en l'air avec un sourire timide et le poids des 9k€ à rembourser sur les épaules. En dessert sur le pouce : un Master à distance vite avalé. Après ça, comme des centaines de milliers d'autres étudiants, j'étais fin prêt à pousser les portes d'un monde morose avec le couteau sous la gorge.
Objectif : salaire mirobolant.
Stratégie : grimper l'échelle sans se faire mal.
À partir de ce jour-là l'écart ne cesse de se creuser avec le moment présent. On ne vit plus pour aujourd'hui ni pour demain. On vit pour un surlendemain qui nous échappe un peu plus à chaque réveil. À croire qu'il faut demander la permission de savourer la vie comme on demande une semaine de congé au mois d'août.
Dans tout ça, quand est-ce qu'on fait une pause pour se retourner un instant ?
Les succès, les victoires, les réussites… Appelle ça comme tu veux. Mais crois-moi que tu en a fait des belles choses.
Regarde voir.
L’art de la réussite
Sportive, professionnelle ou personnelle, la compétition telle qu'on nous l'a appris est binaire et sans concession. Seulement deux parties sont désignées : le vainqueur et le perdant.
Elle prend parfois une forme de comparaison plus subtile qui s'agite dans nos esprits fragiles. À chaque rendu de copies, il y a toujours eu ce bruit de fond caractéristique de notre comportement humain : "t'as eu combien ?". On compare ses notes à celles de son voisin. Puis son salaire, sa voiture, sa maison ou son appartement. La taille de sa télé, la marque de son manteau…
Le jeu de pouvoir ne s'arrête pas tant qu'on n'y prend part. Soit on gagne, soit on perd. Du moins c'est l'impression que ça donne. D'ailleurs on dit plus souvent jouer "contre" les autres qu'avec eux. C'est l'opposition qui divise et qui crée le ressentiment.
Avec soi-même c'est le même combat quand on se fixe des objectifs à atteindre. Au hasard : se remettre au sport pour la nouvelle année. Et puis développement personnel oblige, on cherche à atteindre la "meilleure version de soi-même". Sans trop en dévoiler, elle est inatteignable. Ça voudrait dire qu'il existe une fin à sa propre évolution ?
Voilà typiquement l'engrenage qui nous empêche de voir l'avancée de nos progrès. Surtout, de se flageller au moindre écart.
Il faut comprendre que nous sommes des êtres émotionnels bien plus complexes que l'on aime penser. Les règles de la perte de poids sont simples (pour prendre un exemple populaire), et pourtant ça peut être incroyablement difficile de s'en sortir. Il y a d'abord des mauvaises habitudes à conscientiser, ancrées depuis des années. Et il y a des nouvelles habitudes à intégrer qui prennent des semaines voire des mois à intégrer, une par une.
Le cerveau humain ne se paramètre pas à la demande avec une télécommande. Se garer un peu plus loin de la porte d'entrée du supermarché pour marcher est déjà une réussite, avant même de parler de perdre un kilo. C'est comme ça pour tout ce que tu vas entreprendre. Accepte de prendre le temps.
Le progrès est une réussite.
Être fier de soi est une réussite.
Faire de son mieux est une réussite.
Je ne fais que reprendre la définition telle quelle : une réussite peut désigner un résultat favorable ou une action qui conduit à un succès. Elle est associée à un impact positif sur soi-même ou sur son environnement. Ce n'est pas forcément une grande étape franchie. Le succès se crée donc dans l'accumulation de petites réussites.
Faire le choix du mérite
Pour m'être davantage ouvert au dialogue en ce début d'année, il y a une remarque qui revenait dans plusieurs échanges et qui m'a fait relativiser : "t'es quand même dur avec toi-même !". Quand j'exprime mon mal-être après une semaine qui cumule deux séances de sport au lieu de trois, on me répète que "ça vaaa". Ce même mal-être peut se manifester si par malheur j'ai mangé deux fois des viennoiseries au lieu d'une seule dans la même semaine.
Cette exigence me pourrit parfois la vie. Elle m'empêche de reconnaître les réussites dissimulées dans mon quotidien, comme le fait de faire du sport toutes les semaines depuis petit. Comme le fait de ne pas faiblir si facilement devant un produit industriel à Carrefour. Comme le fait de respecter mon sommeil et de dormir +8h par nuit.
Même si, pour plusieurs raisons, je traverse une période chaotique, aujourd'hui je suis fier d'accomplir ces petites choses.
Rien n'est parfait et rien ne le sera jamais. Mais voilà un temps d'arrêt idéal pour se féliciter et être reconnaissant de tout ce qui peut nous arriver. En bien comme en mal d'ailleurs, parce qu'il y a toujours quelque chose à retirer d'une situation ou d'un événement important.
J'en parlais dans cette édition sur le journaling, la gratitude est un outil formidable pour le bien-être. C'est scientifiquement prouvé. Les célébrations personnelles vont dans le même sens.
Maintenant, avec notre biais inné de négativité, ça peut être compliqué de reconnaître les quelques réussites personnelles. Pour inverser la tendance, pense à une situation récente qui t'a procuré de la confiance, de la fierté et de l'énergie (peu importe le domaine de ta vie).
Ce moment est une réussite personnelle.
Tu peux par exemple tenir un journal dans lequel ces petites victoires sont annotées pour mieux t'en rappeler (un projet terminé, une promotion, une séance de sport, une nuit complète de sommeil, une nouvelle rencontre…). Et de manière à la rendre plus signifiante, parles-en aussi autour de toi avec tes proches parce que "une joie partagée est une double joie".
Je t'invite à la célébrer, c'est ton droit. Et surtout la meilleure façon de la graver sur ta frise chronologique.
Pour ça on peut imaginer plusieurs récompenses :
un week-end, un voyage ou des vacances
un restaurant
une séance de cinéma ou un concert
un massage/spa
une pâtisserie
Pour moi ça sera la dernière option. Je t'assure que pour fêter le cap du millier d'abonnés dans quelques jours, je sais exactement dans quelle boulangerie je vais me rendre et quelle pâtisserie je vais choisir. 0% de culpabilité, 100% de célébration.
Tout ne se mérite pas, mais il y a bien des choses qui méritent d’être célébrées.
L’histoire de la sébile sans fond
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai lu/entendu que “le voyage est plus important que la destination”. Orelsan reprenait l’adage en musique quand il disait que “ce qui compte c’est pas l’arrivée c’est la quête”.
À mon sens le message a plus d’impact quand il est formalisé par la science. Le Dr Martin Seligman (ancien président de l’American Psychological Association) nous explique que le bonheur dépend de cinq facteurs :
l’émotion positive et le plaisir
l’accomplissement
les relations
l’implication
signification
Il estime aussi que l’implication et la signification sont les deux facteurs prédominants. C’est-à-dire que trouver du sens dans ce que l’on fait et le faire bien est le meilleur moyen de construire un bonheur durable.
Arthur Brooks (spécialiste des sciences sociales et professeur à Harvard), lui, partage une image très parlante avec les trois macronutriments du bonheur :
le plaisir en conscience
la satisfaction (la joie d’un travail bien fait et sa récompense)
l’objectif (trouver de la cohérence dans sa vie)
Voilà qu’on en revient au fait qu’il ne se trouve pas dans notre prochain X ou Y, et que célébrer ses victoires personnelles en chemin aide à vivre plus heureux.
C’est aussi pourquoi j’aime beaucoup l’idée que pour être riche, il faut avoir un but dans la vie. Sans but, on ne saura jamais déterminer quand on a assez d’argent. Et par défaut, on voudra toujours en gagner plus. L’accumuler offre la sécurité, procure du plaisir et sous-entend un certain niveau de bonheur, mais pour qu’il reste un moteur en soi, il faut une raison d’en vouloir davantage.
Qu’on s’entende, j’aspire à gagner beaucoup d’argent pour vivre confortablement. Mais l’idée selon laquelle l’unique but est d’en amasser un maximum jusqu’à la mort me terrifie. Derrière, il vaudrait mieux identifier ce qui compte à nos yeux. Le bonheur se nourrit d’une mission plus profonde.
Pour finir cette newsletter, je voulais te laisser avec une belle histoire : celle de La Sébile. Avec l’imaginaire chacun peut interpréter le message selon ses perceptions, et former ses propres réflexions.
La voici :
En sortant de son palais un matin, un roi vit un mendiant, et lui demanda :
- Que désires-tu ?
- Vous me demandez cela comme si vous pouviez exaucer mon désir, répondit le mendiant en riant.
- Bien sûr que je le puis, s’offusqua le roi. Quel est-il ?
- Réfléchissez bien avant de promettre quoi que ce soit, prévint le mendiant.
Car ce mendiant n’avait rien d’ordinaire. Dans une vie antérieure, il avait été le maître du roi, et lui avait promis alors : “je viendrai essayer de t’éveiller dans notre prochaine vie. Tu as raté cette vie-ci, mais je reviendrai t’aider.”
Le roi, ne reconnaissant pas son vieil ami, insista :
- J’exaucerai tout ce que tu me demanderas, car je suis un roi très puissant.
- C’est très simple, répondit le mendiant. Pourriez-vous remplir cette sébile ?
- Bien sûr ! assura le roi en ordonnant à son vizir de remplir cette sébile avec de l’argent.
Le vizir obtempéra, mais les pièces s’évaporaient en touchant la sébile. Alors il versa, encore et encore, mais aussitôt, l’argent disparaissait. La sébile demeurait vide.
La nouvelle se répandit dans le royaume, et une immense foule s’assembla.
Le prestige et le pouvoir du roi étaient en jeu, aussi annonça-t-il à son vizir : “s’il faut perdre mon royaume, j’y consens, mais je refuse de me laisser vaincre par ce mendiant.”
Il continua de déverser sa fortune dans la sébile. Diamants, perles, émeraudes… Son trésor se vidait, et pourtant, la sébile paraissait sans fond. Tout ce qu’on y déposait disparaissait aussitôt.
Enfin, devant la foule médusée, le roi se laissa tomber aux pieds du mendiant, et admit sa défaite.
- Tu es victorieux, mais avant de partir, assouvis ma curiosité. Quel est le secret de ta sébile ?
Humblement, le mendiant répondit :
- Elle n’a pas de secret. Elle est simplement faite du désir des hommes.
À partager 🍿
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Cette fois-ci, c’est bien mon nom en tant qu’invité. Et ça me fait tout bizarre de partager cette première. Pauline du podcast La Route des Rêves m’a offert l’opportunité de parler de mon rêve avec cette newsletter. On échange ensemble sur la façon de trouver sa passion, sur quelle voix écouter pour s’orienter, et sur l’ingrédient phare pour tenir dans la durée.
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"Quand on fait de son mieux, on ne regrette jamais rien" — George Halas
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Wow, ton texte m’a fait réfléchir. Ce que tu dis sur la compétition et la course sans fin vers "le prochain truc" résonne fort. C’est fou comme on a été conditionnés à ne jamais s’arrêter pour savourer ce qu’on a accompli.
Perso, je me surprends parfois à minimiser mes propres réussites sous prétexte qu’elles ne sont pas "assez grandes". Comme si elles devaient passer un test de légitimité avant d’être célébrées.
Ton passage sur l’exigence envers soi-même m’a particulièrement parlé. On se met une pression monstre pour cocher toutes les cases, et quand on n’en coche que 99 sur 100, on s’auto-flagelle.
Merci pour ce rappel que chaque petit pas mérite d’être reconnu. Je vais essayer d’être un peu plus douce avec moi-même.
Savourer toutes les victoires du quotidien, c'est une des manières les plus puissantes d'être dans l'instant présent.
Et c'est définitivement ce qui aide à tenir quand on a l'impression que sa vie est traversée par un ouragan :)
Merci pour ce rappel et cette jolie histoire de la sébile !